NoteOfHope - Quelle famille ! Cinq femmes, une même descendance

Quelle famille ! Cinq femmes, une même descendance

J’ai toujours aimé la généalogie… toujours eu envie d’en savoir plus sur ceux qui m’ont précédée ici-bas… toujours tenté d’imaginer leurs activités, leurs modes de vie, leurs sentiments… toujours raffolé d’écouter bouche ouverte les histoires d’antan racontées par Mémé Pauline… toujours rêvé en feuilletant dans tous les sens un album de photographies de famille… Une partie de moi qui m’intrigue et pour lesquelles je n’aurai que peu de réponse, si ce n’est mon illustre aïeul Comtat, le plus ancien connu et pas le moindre puisqu’il était, au XIIIe siècle, cocher du pape de son état lorsque les papes étaient en Avignon… Difficile de remonter au-delà des registres de baptêmes qui ont permis de retisser quelques branches de l’arbre.

En commençant la lecture du Nouveau Testament, quelle surprise de retrouver dans les premières pages des Evangiles de Matthieu et Luc deux généalogies de Jésus complètes et inversées… Pourquoi Dieu a-t-il voulu nous communiquer ces informations ? Je dis toujours que si c’est dans la Bible, c’est qu’il y a une raison. Je n’ai pas l’ambition ici d’en faire une étude exhaustive, mais j’aimerais m’attarder sur les cinq femmes mentionnées dans la généalogie de Matthieu et en retirer quelques réflexions.

D’abord, Tamar… Une « drôle » de vie qu’elle n’avait pas cherchée… En épousant Er (fils de Juda), elle espérait bientôt enfanter… et pourtant, la descendance ne viendra pas… S’ensuit le remariage avec Onan, frère de son époux défunt… toujours pas de descendance… L’attente d’une union avec le troisième frère ne sera jamais comblée. Pourtant, la pratique du lévirat était en sa faveur. Bafouée par son beau-père, brimée par ses deux époux, des hommes « méchants » dans le texte de la Genèse, Tamar se retrouve seule, vieillie, sans aucun avenir assuré… elle dont le nom signifiait palmier dattier… un arbre portant de beaux fruits. Alors, elle décide de prendre son avenir en main et de se faire justice elle-même. Elle veut tellement une descendance qu’elle est prête à tout, jusqu’à se travestir en prostituée pour obtenir de son beau-père devenu veuf la semence d’une lignée. Juda devra finalement reconnaître ses torts et lui rendre justice publiquement.

Ensuite, c’est Rahab… prostituée cananéenne qui a hébergé et caché les Israélites venus espionner la ville de Jéricho. Elle fait un deal avec eux, demandant la vie sauve pour elle et les siens en échange de sa collaboration. Facile d’imaginer son quotidien, pas très glamour derrière les paillettes, pas très comme il faut… Et question famille, inutile de s’encombrer d’enfants… Une opportuniste, une femme « libre » qui décide pour elle-même et qui se range du côté des plus forts… C’est qu’on avait entendu les prodiges de Dieu pour son peuple…

Et puis, c’est Ruth, encore une étrangère, encore une veuve… Une femme dont plus personne ne veut, pas même sa belle-mère… Une femme encore jeune qui aurait pu « refaire sa vie »… Mais la voilà qui renonce à son passé moabite, à ses fêtes païennes et ses faux dieux qui demandaient des sacrifices d’enfant… Elle choisit de soutenir Naomi devenue âgée et seule survivante de sa famille. Elle renonce au remariage et à une descendance pour faire alliance avec le seul vrai Dieu. Le retour vers Israël sera long, incertain, et les deux femmes apprendront à se connaître, à s’apprécier, à se soutenir, à se conseiller… et la vie amère passera, apportant à Ruth un époux et un fils, et à Naomi un petit-fils, dans la lignée du Sauveur.

C’est le tour de Bethsabée. Probablement israélite, elle n’en avait pas moins épousé un étranger… c’est-à-dire qu’il était général de l’armée du roi.  Une femme très belle se baigne publiquement et si le roi David l’a observée, d’autres l’ont certainement fait aussi. Seulement lui prend le droit de déchirer une famille. Des femmes, le roi en a autant qu’il veut, et c’est celle-là qu’il choisit… pas pour faire connaissance, pas parce qu’il est amoureux, simplement pour ce que les hommes veulent. Difficile de ressentir ses sentiments à elle ; le texte biblique s’en tient aux faits, aux réalités crues de l’existence et aux conséquences de leurs inconséquences : tant pis pour l’honneur des époux, tant pis pour le mari trop consciencieux, tant pis pour l’enfant. Bethsabée pleure sa descendance.

Et enfin, voilà Marie. Une femme qui élargit sa compréhension de la puissance divine pour l’accomplissement hâtif de LA naissance du Sauveur. Marie connaît la vie, elle sait comment on fait les bébés, elle sait le risque gravissime d’avoir un enfant au père inconnu. Elle ne se laisse pas déstabiliser par la morale du « qu’en dira-t-on » ni par la rupture avec Joseph. Elle obéit. Elle fait face. Elle dit la vérité. Elle subit les moqueries, les rejets, les cancans. Et elle love dans son cœur les révélations cachées partagées avec Joseph… Sans savoir qu’un jour tout serait écrit… Pas sûr que les écrits l’aient réhabilitée jusqu’ici…

Ouf ! Quelles histoires ! Quelle famille ! Des situations tellement improbables et incompréhensibles. Et la généalogie en « oublie » quelques-unes de ces épouses pas vraiment dans le moule ; je pense à Sarah ou à Rebecca… Des femmes qui ont toutes souffert dans leur âme de mère, à une époque où la descendance était l’assurance sociale, la garantie d’un avenir joyeux et d’une vieillesse paisible. Des femmes qui ont dû subir l’abandon, l’abus, la trahison, la perte de confiance des hommes. Des femmes qui demandaient une vie simple, une famille, de l’amour et des enfants… et les voilà catapultées dans une généalogie très humaine dans son humanitude et divine dans son accomplissement. En dehors de Marie, aucune n’a eu conscience de cet aboutissement. Les voilà pardonnées et justifiées, adoptées dans LA lignée. Miséricorde divine rencontre parenté inaccessible.

(Envie de signer avec mon nom d’épouse en premier, symbole de mon adoption dans une famille)

Florence Warnon-Jauffred

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Qui est Florence ?

Florence se présente elle-même en cinq mots : Jésus, famille, musique, enseignement, mission.