Aujourd’hui, le domaine de la louange s’est beaucoup médiatisé et dans certaines de nos églises, nous chantons des nouveaux chants composés par des professionnels de l’industrie de la musique chrétienne. Si j’apprécie de temps en temps d’écouter, découvrir, apprendre et communiquer des nouveaux chants… mes inspirations sont ailleurs...

L’une d’entre elles a été une personne, un monsieur à la crinière d’argent qui, dans sa vie de tous les jours, a inspiré mon coeur à chanter l’Eternel: mon beau-papa, Jean, puis Papy Jean, promu Papillon à la naissance de ma fille. Un homme de service, un homme de la Parole, chef de choeur, soliste, responsable des enfants… qui a entraîné toute sa famille dans l’amour du chant tout en dépoussiérant les lustres du salon pour accueillir l’église dans sa maison, chaque dimanche pendant quinze ans.

Moi, je l’ai connu plus tard et puis il y a eu ces années où la maladie de l’oubli commença à changer certains aspects de sa personnalité. Mon moment préféré lorsque nous étions en visite chez Papillon et Mamylule: le matin, assis seul à la table du petit déjeuner pendant un très long moment, les chaussons détachés de ses pieds, le pyjama mal boutonné, les cheveux d’argent en bataille… sa si belle voix de basse chantait l’Eternel par ces beaux cantiques d’antan que rien ne lui avait fait oublier. J’écoutais, je regardais toute émue et mon coeur acquiessait. Papillon n’avait rien oublié des paroles, du rythme, de la mélodie… mémoire intacte à chaque matin.

Les années ont passé et ont ajouté leurs aléas et leurs souffrances jusqu’au moment où Papillon n’a plus pu chanter dans sa jolie cuisine. Au home, il y a eu ce moment où le temps s’arrête. Papillon était allité, la parole devenait difficile; nous communiquions beaucoup plus par le regard, des bisous, des caresses… Et quand ma belle soeur entonne un retentissant A toi la Gloire, Papillon retrouve ses forces et son entrain pour joindre à nos voix sa partition de basse et enrichir ce moment d’une proclamation vaillante de la résurrection ponctué par des “pom pom pom”.

Un dimanche matin, je passais le temps du culte avec Papillon et je lui ai proposé de chanter… C’était pour moi une période très frustrante sur le plan de la musique dans l’église… et un moment salutaire pour moi…. Nous avons pris un vieux livre de cantiques… Je n’en connaissais pas beaucoup… et nous avons chanté… Papillon avait perdu le rythme, le souffle, mais la mélodie était encore là, et cette lumière dans son regard, et ce sourire… Je peux dire que c’est le plus beau et le plus intense moment de louange de mon existence… ce qui me fait vibrer dans la louange c’est que les gens avec qui je chante ressortent de ce moment différents…. Quand j’ai vu et entendu Papillon célébrer l’Eternel et chanter à tue-tête Attaché à la Croix pour moi avec l’enthousiasme de l’enfance retrouvée, mon coeur s’est élevé, nourri de cette vérité de la Parole. Malgré le temps, la maladie, les souffrances du quotidien, malgré l’oubli, Papillon a continué à chanter l’Eternel avec tout ce qu’il avait, tout ce qu’il pouvait, jusqu’au jour où il s’est envolé pour la chorale céleste. Voilà, une inspiration précieuse dont je chérirai le souvenir.