Si comme moi, vous êtes nés sur les bancs de l’église et que vous avez participé à au moins 1872 cultes au long de votre vie (à raison de 52 cultes par an, donc faites le calcul et devinez mon âge !), vous avez certainement entendu ce genre de débat : « Oui mais dans les moments de louange de nos cultes, on crée trop l’ambiance et on s’attache trop à vivre un moment émotionnel et musical, plutôt que de rencontrer la personne de Jésus et le louer vraiment ! ".

Je suis d’accord qu’un moment musical et émotionnel ne doit pas être confondu avec la manifestation de la présence de Dieu. Mais j’ai l’impression que nous sommes tombés dans un autre extrême, celui de vouloir dire que la louange corporative ne devrait pas être trop émotionnelle.

David ne s’est-il pas montré émotionnel dans ses louanges ?

Jugez plutôt :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ps 22

« Écoute ma voix plaintive » Ps 64

«  Pourquoi, ô Éternel, es-tu si loin ? Ps 10

« Je gémis et je me plains, je suis troublé par les paroles de l’ennemi » Ps 55

«  Mon cœur se serre dans ma poitrine, la terreur de la mort vient m’assaillir » Ps 55

« Je suis malheureux et je souffre » Ps 69

« Du fond de la détresse, je t’appelle Éternel » Ps 130

Les psaumes sont un véritable tableau multicolore d’émotions, allant des couleurs les plus sombres et dépressives aux couleurs les plus vives et joyeuses !

Je ne crois pas que nous soyons sensés mettre de côté nos émotions lorsque nous venons louer notre Dieu. Les psaumes composés par David ou les fils de Koré semblent même indiquer le contraire. Leurs chants étaient profondément ancrés dans leur quotidien et les angoisses qu’ils traversaient parfois.

Pourquoi ne ferions-nous pas de même aujourd’hui ? Lorsque nous choisissons de louer alors que nous n’en avons pas envie ou que les émotions envahissent nos cœurs et font couler nos larmes, je crois que notre Père céleste prend plaisir à notre sacrifice. La Bible n’oppose pas sacrifice et louange, bien au contraire, « Qui offre le sacrifice de louange, celui-là me rend gloire. » (Ps 49 :23)

Osons même louer depuis l’endroit émotionnel où nous nous trouvons. Dieu ne nous demande pas de nous faire violence pour absolument ressentir la joie afin de pouvoir le louer. Il se plait à entendre son enfant, qui, le visage baigné de larmes, lui dit « Seigneur, je suis triste mais je choisis de me rappeler ta bonté et de te louer. Seigneur je ressens de la peur mais je choisis de me confier en toi. Seigneur, je ne comprends pas, mais je déclare que Toi, tu sais tout et tu peux tout. »