NoteOfHope - Une maman au temps de Jésus !

Une maman au temps de Jésus !

Il est une femme dans la Bible, plus précisément dans l’évangile de Jean (au chapitre 9) qui me touche particulièrement. Peut-être parce que tout comme moi, elle est la maman d’un enfant différent, d’un bébé né handicapé. Ma plus jeune fille est porteuse de trisomie 21, nous l’avons adoptée, elle est venue tout bébé chez nous après que ses parents l’aient donnée à l’adoption. Et cette maman au temps de Jésus ? Son enfant est aussi « né comme ça », il est né aveugle.

« Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui firent cette question : Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle? » Jean 9 :1-2

Et bien, quelle entrée en matière ! Mais laissez-moi vous expliquer un instant le contexte de ce verset. A l’époque la tradition était assez claire. Il suffit de relire le livre de Job pour comprendre comment la douleur, la maladie et le malheur étaient interprétés dans la tradition judaïque. « Mais qu’as-tu donc fait à Dieu pour qu’il te traite de la sorte. » Pour eux, le handicap est profondément lié à la question de faute et de punition divine. Donc si un bébé venait aveugle au monde, il en était déduit que c’était la conséquence ou bien du péché des parents ou encore du bébé lui-même (peut-être avait-il déjà péché dans le ventre de sa mère). C’est une recherche de sens, une manière d’expliquer ce qu’il se passe.

J’aimerais vous dire que cela a bien changé mais, de nos jours aussi, ces remarques existent. Bien entendu, le handicap de naissance n’est plus comparable au mystère inextricable qu’il était à l’époque de Jésus. Dans beaucoup de cas, nous pouvons aussi l’expliquer. Mais cela n’empêche que les questions blessantes et les jugements sont encore présents. Vous savez, ces remarques qui font pencher le regard aux parents. « Vous n’avez pas su avant ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?». Des mots qui blessent le cœur comme mille couteaux toujours plantés au même endroit. Et qui créent un carrousel de questions et de doutes : « Pourquoi moi ? Pourquoi lui/elle ? Est-ce de ma faute ? ». C’est presque un réflexe. Le diagnostic qui tombe appuie sur le bouton d’une bande son répétant en boucle : « Mais comment expliquer ça ? La faute à qui ? ». 

Combien de regards se sont-ils détournés sur la route de ces parents ? Tout le monde le sait, tout le monde observe, les rumeurs vont bon train… Et comment cette maman a-t-elle supporté tout cela ? Peut-être s’est-elle promenée, serrant son enfant tout fort dans les bras, yeux baissés, battue jour après jour par les doigts pointés sur eux ? Peut-être a-t-elle confronté les mauvaises langues, courageusement, tenant tête aux discours culpabilisateurs des gens,…S’est-elle fait du souci pour le futur, se demandant comment on pourvoira à ses…. ? et plus tard à leurs besoins ?

Ce bébé a grandi, il est devenu un homme. Et personne n’a oublié. Les regards en disent long. C’est lui, le mendiant, celui qui est né aveugle. 

Alors quand Jésus passe non loin de cet homme, une question brûle les lèvres de ceux qui l’entourent. Pétris de la tradition et de la pensée de l’époque, ils veulent savoir qui blâmer. L’efficacité des disciples à mettre les pieds dans le plat me fait presque sourire. « C’est à cause de qui ? Hein Jésus ? Aveugle de naissance, là forcément, il y a faute grave. »

Jésus, lui, répond clairement mais totalement hors du cadre. « Ce n’est ni la faute de ses parents, ni la sienne » … il n’est pas question de faute… non, vraiment, c’est une question de gloire, c’est pour montrer, démontrer la grandeur de mon Père.

Et ce sont des mots qui guérissent.

J’aurais aimé voir le visage de cette maman quand on lui répéta cette phrase « Jésus, tu sais ? Ce maître, ce prophète, cet homme tant redouté par les pharisiens… et bien il a dit que ce n’était pas de ta faute ». Est-ce que les larmes ont coulé doucement le long des joues fripées par le soleil et la dureté de la vie ? Des larmes de soulagement qui lavent le cœur. S’est-elle redressée pour enfin se tenir droite, debout, forte, encouragée ? « Jésus a dit que ce n’était pas de ma faute ». Une phrase comme un immense mur qui protège des tirs à bout portant. Jésus prend toute la douleur de cette femme et met de nouveaux mots dessus. Il proclame que c’est une question de gloire et pas une question de faute.  « C’est pour que la gloire de mon père se manifeste ». Jésus touche directement à la blessure de cette famille et il nage à contre-courant.

Ce jour-là, Jésus n’a pas seulement guéri l’homme aveugle de naissance, il a aussi ouvert les yeux des disciples à une nouvelle compréhension, une révolution dans la pensée de l’époque. Mais plus encore, il a probablement soigné et pansé le coeur meurtri de cette maman. Et nous lisons ces mots, approchons cette histoire, en goûtons la saveur et peut-être que c’est à nous aussi que ces mots font du bien, nous, mamans d’enfants différents.

Peut-être que c’est toi qui pleures en berçant ton enfant malade ou « handicapé ». Peut-être qu’on n’a pas hésité à te dire que c’était de ta faute. Peut-être qu’on t’a même dit que « tu ne pries pas assez, tu n’as pas la foi, tu as un péché caché ». Peut-être qu’on t’a frappé à l’aide de regards, de mots, de pensées, et parfois même de prédications entières, … Alors sache que Jésus n’a jamais quitté la pièce, il était toujours là, à tes côtés. Non, je ne sais pas pourquoi le handicap, pourquoi la souffrance, la maladie ont débarqué dans ta vie… je ne sais pas. Et je n’ose même pas te dire « pour que la gloire de Dieu se manifeste ». Mais je crois du fond du cœur que Jésus prend les plus grands chantiers de nos vies, les plus gros tas de fumiers et qu’il y plante patiemment et tendrement son amour. Et qu’un jour, c’est là que nous récoltons les plus belles fleurs, précieuses et uniques, arrosées de nos larmes de mamans. C’est tout ce que l’histoire de cette femme au temps de Jésus me rappelle. Qu’un magnifique bouquet à la gloire de Dieu est né au beau milieu des « pourquoi » et des « à qui la faute ».


Dans le cadre de ce focus sur les femmes dans la Bible, Rebecca a aussi écrit "Jésus et les femmes, le politiquement incorrect" que vous pouvez lire ici : http://www.noteofhope.org/blog/2018/02/01/jesus-et-les-femmes-le-politiquement-incorrect/

Qui est Rebecca ?

Rebecca (39) est psychologue, maman et auteure. D'origine belge, elle a marié il y a 15 ans un jeune théologien allemand. Ensemble, ils ont trois filles (dont la petite dernière est atteinte de trisomie) et vivent dans la forêt Noire où son mari, Christoph (39) est pasteur. Rebecca consacre ses matinées à l'écriture, le ménage, les petites ballades avec son appareil photo, les après-midi aux enfants et quelques soirées par mois à la supervision de groupes. C'est comme cela, petit à petit qu'elle s'est construite une boîte à trésors contenant ses projets finis ou encore en court. Le tout premier fut les "petits bouts de Bible", dont elle a écrit les textes (des petits poèmes rigolos reprenant au niveau des plus petits les histoires de la Bible et que Boris Antal a illustré et animé). Toutes les vidéos sont à savourer sur youtube et vimeo http://www.youtube.com/channel/UCgwJ9ihL2CzsVL7zrL92ieg

En 2017, elle a sorti son tout premier livre (en allemand), racontant l'adoption de Pia, leur petite dernière. La société biblique belge a sorti un livre "paroles, prières et envols", remplis des photos que Rebecca a glanées au quotidien. http://www.la-bible.be/boutique/extraits-de-la-bible/892-paroles-prieres-envols-9782930209388.html Ses textes sont aussi régulièrement à lire sur le blog des fabuleuses au foyer, de quoi faire sourire les mamans et surtout les encourager, les valoriser. http://www.fabuleusesaufoyer.com