NoteOfHope - Parentalité et Smartphone : comment partager sans être partagé ?

Parentalité et Smartphone : comment partager sans être partagé ?

J'ai bien essayé d'avoir un Smartphone quelques mois, mais l'expérience ne m'a pas convaincue. Les contraintes étaient plus importantes que les bénéfices et comme je suis la reine des bilans, la décision fut vite prise de reprendre un bon vieux téléphone.

La difficulté du Smartphone est qu'il te place constamment entre deux mondes : le monde réel et le monde virtuel. Osons le dire, lorsque tu es maman, que ta pile de linges sales attend, que les enfants pleurent, que ta vaisselle s'entasse, bref, que la réalité est plutôt morose, tu as juste envie de t'évader dans un autre monde.  

Sauf que tu ne sais jamais si ce monde "publié" est le fruit de la réalité : 

- tu ne sais pas si la personne qui a posté la centième selfie de la journée ne souffre pas dans son estime;

- tu ne sais pas si la mère qui a pris une photo avec sa fille n'a pas capturé le seul instant de qualité depuis des mois ;

- tu ne sais pas si le couple souriant sur la photo n'a pas parlé de divorce la semaine précédente;

- tu ne sais pas...

En fait, tu ne sais jamais vraiment. Dans un monde virtuel, on peut facilement inventer, créer, raconter une partie de la vérité et l'arranger à sa guise. Or, fuir dans un monde qui n'est pas réel 1. ne change pas "ma" réalité et 2. risque de me la faire détester de plus en plus. Là est le piège : désirer échapper la vie présente, qui à pourtant plus à offrir qu'une vie "parfaitement" virtuelle.  

Et quand bien même le bonheur "partagé" de la personne serait vrai, quel bonheur alors de s'en réjouir sincèrement, cela ne rend pas ma vie moins belle. Ce n'est pas parce qu'il y a des personnes plus belles, que moi je ne le suis pas, pas parce qu'il y a des personnes plus intelligentes, que moi je ne le suis pas, pas parce que la femme du voisin a l'air chouette que la mienne ne vaut rien...

Face à cette prise de conscience, j'ai opté pour une parentalité sans écran en présence des enfants. Lorsque je suis avec eux, je suis physiquement et émotionnellement présente. Je leur donne toute mon attention. Car au fond, ce qui agite souvent les enfants, c'est l'attention partagée, le sentiment que l'adulte est là sans être là (perso, ça m'agace aussi en tant qu'adulte alors pourquoi je leur ferais subir quelque chose que je n'apprécie pas moi-même.) 

Cela ne veut pas dire que je n'allume jamais l'ordi et la télé mais ce sont à d'autres moments, lorsque cette attention ne sera pas partagée. 

Et c'est fou, mais une vie sans écran à portée de mains apaise énormément les relations. Pourquoi ? car l'adulte est pleinement là. Et ça rassure les enfants. J'ai aussi plus de temps et le sentiment d'être plus efficace. Ne pas avoir le nez dans un écan me permet aussi d'être disponible pour faire des rencontres et parler avec les gens que je rencontre dehors.

A côté, je choisis une vie à 100% faite de relativisation. Je relativise ce que je vois sur les réseaux sociaux. J'accepte que mon bonheur en tant que mère n'est pas toujours immédiat. J'accepte que certaines journées sont "bof", ces journées où les enfants râlent, où la maison n'est pas bien rangée. Je donne une place à mes émotions les plus horribles, sans leur donner toute la place ou me laisser dominer par elles. Je ne réagis pas de suite, je me calme, j'opte pour le repos d'esprit au sein du chaos. Surtout, je sais que chaque saison a ses hauts et ses bas et qu'elle évolue. 

Le bonheur est comme une semence que l'on plante en terre. Elle s'enfouit, devient invisible pendant un temps puis vient le moment de cueillir le fruit. Être mère, surtout d'enfants en bas âge, c'est accepter cette saison du bonheur parfois enfoui, souvent voilé, un bonheur que l'on ne ressent pas toujours mais qui pourtant est bel et bien là et un jour, offrira ses fruits.

Est-ce que ça veut dire qu'un Smartphone n'est pas compatible avec l'éducation ? La clé est plutôt dans la gestion du moment, le choix judicieux de ce moment. Une psychologue qui s'exprimait sur la gestion des écrans proposait la mise en pratique des "quatre pas":

- pas d'écran le matin

- pas d'écran pendant les repas

- pas d'écran dans la chambre à coucher 

- pas d'écran avant de s'endormir

Cette simple proposition peut déjà apporter beaucoup en remettant le Smartphone a "sa" place et en donnant de l'espace aux relations familiales. 

Soyons encouragés, osons traverser nos saisons sans essayer de les fuir. Osons être là, dans "l'ici et maintenant", auprès de ceux qui nous entourent. Ils sont et seront toujours plus importants que ceux qui sont à l'autre bout d'un écran.